GV3N10 : Mois #1

Elle s'étonne sans méchanceté.

"Quoi donc ? Parce que la consigne est claire : rencontrer personne à part vous, et ne toucher à rien pour ne pas me blesser... Ce qui réduit beaucoup les possibilités. Tu vas pouvoir me donner des nouvelles du Syndicat. Il parait que sous la réserve surélevée, il va y avoir une cuisine."

Puis, un peu intriguée.

"Es-tu seul ?"

L'asiatique salua l'inuit qui pénétra dans le wagon puis retourna son visage vers Emi Louise. Il extirpa de sa veste un livre. Il l'ouvrit et observa les vieilles feuilles séchées à l'intérieur, des feuilles qui avaient été collé en album il y avait un moment mais où on pouvait encore sentir quelques arômes.

- « J'ai trouvé cela.. »

Il le déposa sur le plat à coté des biscuits.

- « Tu n'auras pas besoin d'utiliser d'autres sens que l'odorat. »

Il se remit contre la paroi.

- « Je n'ai pas trainé trop longtemps au syndicat, disons qu'ils étaient plutôt occupé et que je n'étais pas d'une grande aide. »

Un sourcil et une commissure se lèvent à l'arrivée d'Aldartok.

"Aldartok ! Et bien avec vous deux, il y a sûrement de quoi fabriquer cette cloison. Asseyez vous en attendant."

Elle tend la main vers Kazil avec un grand sourire, une idée derrière la tête sûrement.

"Je peux sentir .. ?"

"Je me rends compte que Saül m'a envoyé les deux garçons les plus doux et gentils pour me surveiller. J'espère que si j'ai une crise vous saurez être solidaires. C'est important çà... Vous vous connaissez tous les deux ?"

L'asiatique lui tend le livre pour lance un regard vers l'inuit.

-«Nous n'avons pas eu la chance de faire réellement connaissance. Sinon qu'est ce que c'est cette histoire de cloison?»

Elle se tient à distance, mais ne manque pas de jovialité avec ses invités d'office. Elle joint les mains et dépose le livret offert par Kazil sur sa poitrine, il y a une faille dans leur duo, c'est évident, mais Emi n'est pas encore assez mesquine et malade pour en profiter.

"Il y a des tringles et des rideaux à monter. Je pense que près du lit ce sera parfait. C'est pour avoir un peu d'intimité, puisque je serai toujours surveillée."

Elle se dirige vers la banquette sur laquelle est déposé le matériel pour la cloison, mais aussi les sangles de contention, la camisole, la ceinture à bracelets... Tout ce qu'avait vu Aldartok lors de la réunion.

"Les vitres... Pour éviter que ceux qui sont à l'extérieur voient à l'intérieur. Ce qui risque de se passer ici ne regarde personne à part nous."

Elle avait l'air de bien vivre sa quarantaine, son stoïcisme était admirable. Il acquiesça à ses paroles, il était normal de désirer un peu d'intimité surtout pour une demoiselle. L'asiatique se tourna vers l'inuit.

-«Ca te dit que l'on commence ça maintenant?»

Elle écoute Aldartok se mettre au boulot tout en reniflant les plantes séchées collées aux pages. Ça risque de lui prendre du temps de toutes les reconnaître. Peut être bien un mois entier. Peut être même plus.

"Aldartok. Saül m'a dit que tu pourrais m'apprendre ce que tu sais à propos de tes remèdes inuits. Autant mettre cette quarantaine à profit... Enfin, si bien sûr tu es d'accord et que tu as du temps à perdre."

Elle reste debout, dos à une paroi, limitant ses mouvements pour ne pas les gêner sur leur passage.

"Voulez-vous à boire avec les gâteaux ? Si c'est le cas, servez-vous. Il ne vaut mieux pas que je touche trop ce que vous êtes censés boire."

"Et toi, Kazil tu pourras me parler du projet Data."

Kazil s’occupait de récupérer les rideaux après les avoir triés. C’est alors qu’Emi Louise lui parla du projet Data. Néanmoins tant que Corelgrad existerait, le projet Data semblait plus ou moins compromis.

-«Je n’ai hélas rien de nouveau à t’apprendre. »

Lorsqu’il vit du sang couler sur le sol, il leva la tête pour remarquer que l’Inuit venait de se faire une vilaine blessure.

-« Eh est ce que ça va ? »

Elle se recule de l'inuit, ne connaissant pas la nature du problème. Elle préfère le préserver d'elle-même.

"Si ça ne va pas, ne reste pas ici Aldartok, et vas à l'infirmerie. Peux-tu y aller seul ?"

Elle n'observe rien du tout et répond calmement, sans reculer davantage.

"Peut être Jems... Tout dépend de ce qui t'arrive. Peut être que Liberty peut t'aider, tout simplement."

Kazil acquiesça aux paroles de l'aveugle.

-«Ca va aller? Je ne sais pas si nous avons un moyen de contact pour prévenir que quelqu'un vienne te relever»

L'aveugle écoute étonnée le départ rapide de l'inuit.

"Qu'est-ce qui lui est arrivé finalement ? Ne t'inquiète pas Kazil, je ne dirai rien à Saül. Je ne veux pas que vous ayez d'ennuis."

Elle s'avance mais reste à bonne distance de Kazil.

"Si tu termines de monter cette cabine, tu pourras me dire ce qu'il y a sur ce livre, et je demanderai à Saül si il peut te montrer le Gravius."

Kazil resta surpris par le départ de l’Inuit. Etait-ce la douleur, la peur de tout ce sang ? Sa blessure était profonde et l’Asiatique grimaçait en imaginant ce qu’il pouvait ressentir. C’est alors que l’aveugle le sortit de ses pensées.

-« Oui la cabine.. tu as raison. »

Il s’avança pour refermer le wagon. Il observa un instant l’extérieur puis mis fin à ce contact avec l’underground. Il observa les travaux puis reprit la mission qu’avait commencée Aldartok.

-« Il s’est fait une belle entaille pendant qu’il montait les tringles… mais je pense que ça doit rester superficielle. Ne t’inquiète pas trop, cela fait plus mal que c’est dangereux. »

Il récupéra une tringle pour la fixer puis il se remémora qu’Emi Louise lui avait parlé d’un livre et de Saül.

-« Gravius ? C’est une machine pour doser la gravité des situations ? »

Un léger trait d’humour pendant qu’il terminait d’assembler la première partie de cette cabine. Il allait un peu plus lentement que l’Inuit de peur de subir le même sort. Petit à petit les travaux prenaient formes.