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 Nirvāna béton

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Ivy Violet

Ivy Violet


Messages : 258
Date d'inscription : 08/02/2011

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MessageSujet: Nirvāna béton   Nirvāna béton I_icon_minitimeDim 3 Avr - 2:23

La femme qui dort à même le béton.

C'est comme cela qu'on pourrait désigner Ivy, depuis quelques temps, déjà.
Depuis son entrevue avec Saül, elle alterne les gardes difficiles chez Emily, les heures de travail au syndicat des artisans dont elle ne fait nullement partie, et les "repos" au campement Scarifié, où le leader lui a donné quartier libre pour s'installer.

Seulement, d'installation, elle n'a pas. Elle pourrait, pourtant.

Mais il n'y a pas d'espace Violet intime à proprement parler.

L'emplacement change souvent, indiqué seulement par une petite pile de vêtements divers parfaitement pliés au carré. Pas de délimitation, à part cette balise.

Souvent, dans le Campement, la trentenaire n'est vêtue de rien. Ou si peu, pour être exacte.
Une simple culotte noire, avec les bandes de tissus habituelles qui bardent sa poitrine et ses bras.

Elle ne parle pas à grand monde, semble éviter la relation, pendant ces moments de trêve.

Impossible pourtant de ne pas la voir marcher lentement, très lentement, durant des périodes dépassant parfois une heure complète, tout autour du Campement, sur un circuit tracé par son imaginaire seul, sans doute, qui ne dévie jamais, ne change jamais, et dont elle semble curieusement ne jamais se lasser. Elle a la tête légèrement baissée, et marche. Marche simplement. Et même une explosion tonitruante semblerait ne jamais pouvoir la détacher de sa course.

Impossible aussi de ne pas avoir repéré ce sachet rempli de bris de verre à côté de la pile de vêtements, qu'elle sème tantôt sur une ligne droite de 50 à 100 mètres, ne dépassant que de très peu la largeur d'un corps humain. Elle marche alors sur le chaos coupant en fermant les yeux. Des demi-heures, ainsi. Des allers-retours redondants. Calme, sans vitesse, sans que jamais rien ne s'échappe de ses lèvres, ou que son visage ne grimace une seule fois de douleur. Et, quand enfin elle semble avoir fini son rituel, elle ramasse un à un les petits morceaux qui constituaient jadis des bouteilles, agenouillée, avançant presque en ne dépliant pas les genoux au fur et à mesure de sa récolte. Un à un, c'est long et fastidieux, avec une seule main, mais accompli sans aucune précipitation, ni signes d'exaspération. Et, si on y regarde de plus près, ensuite: il n'y a aucune foutue trace de sang, là où se trouvait les pièges.

Impossible encore de ne pas remarquer que la jeune femme dort effectivement à même le béton. Ses innombrables cicatrices et sa longue silhouette osseuse l'embrassent totalement, un temps sur le ventre, un temps sur le dos, un temps sur le côté, pour des sommeils qui ne dépassent généralement pas les vingt minutes.

Alors, comme aujourd'hui, comme tous les jours, on peut la voir placer ses jambes en lotus pour entretenir une posture Zazen, fixant ses yeux pleins de belles couleurs étranges sur un point unique mais imprécis, pour, peu à peu, au gré des secondes qui passent, prendre soudainement une respiration lourde et tranquille, qui ressemble à un ronronnement de chat assez drôle, ou celui d'un petit moteur à essence.

Et puis les yeux finissent par se révulser sans trop qu'on sache ce qu'il vient de se passer. Les orbites restent figées sur du blanc, et la statue balafrée se mue en une gargouille sordide, mystique, sensiblement dure, immobile et froide comme une pierre tombale...
Voire même carrément effrayante, si l'on est venu s'égarer ici pour la première fois.
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