Bienvenue Coralie

La question arrache un sourire qui creuse les fossettes de l'aveugle.

"Un bobo bien sûr. Je ne suis pas du genre à vous déranger pour un mot compliqué à trouver dans mes mots croisés. Mais si vous avez un peu de temps devant vous, il est possible que je me laisse aller à la discussion en votre compagnie."

La fin de sa phrase est nuancée de douceur. C'est une véritable demande.

Elle reprend place sur la chaise qui lui avait été offerte lors de sa dernière visite.

"C'est vrai. Vous avez raison. Mais je ne faisais que mon devoir. Et l'heure était décente."

Elle marque un temps avant de reprendre sur un ton plus préoccupé.

"Je suppose que si vous m'accueillez ainsi, c'est que vous êtes seule. Si c'est le cas, je peux peut être vous demander de fermer votre porte. Histoire que nous ne puissions pas être surprises... ?"

Elle commence à retirer quelques vêtements, maintenant que le verrou est maintenu clos.

"J'ai appris que vous nous aviez rejoint. Je ne peux pas vous dire si votre choix est bon ou mauvais. Mais il est le meilleur dans notre contexte."

Quand enfin elle découvre son cou, des traces virant de jaune au noir entoure celui-ci.

"Pourriez-vous me dire si il y a quelque chose d'étrange sur ma peau, docteur ? Bien sûr, ce que vous pourriez y voir, devra rester entre nous..."

Elle se laisse examiner sans broncher.

Sa peau en surface n'est pas lésée. Certainement un acte manuel.

Coralie sait s'y prendre et elle le ressent dans ses gestes et dans sa voix. Rassurée, elle répond avec légèreté.

"Oui. J'ai eu mal bien entendu, mais voilà deux jours que la douleur s'estompe, et je voudrai savoir si il reste des traces visibles ?"

La voilà déjà en débardeur, laissant apparaître ses épaules et ses bras. Aucune autre trace de violence sur sa peau visible.

"Non. Je ne pense pas. Je n'ai pas eu mal ailleurs, et même si c'était le cas, je peux le cacher sans éveiller de soupçon."

La voilà beaucoup plus détendue. 4-5 jours encore à avoir trop chaud en faignant d'avoir trop froid.

"Et je veux bien de votre aide qui sent mauvais. Je n'ai personne à qui plaire en ce moment. Je dois dire que mon dernier corps à corps s'étalonnait plutôt en niveau de haine. Avez-vous des recettes pour concevoir aussi plus rapidement ?"

Waow. Les yeux piquent soudain. Elle n'a pas plaisanté, ça sent horriblement mauvais. Mais elle ferme les yeux. Le massage est tout de même agréable, et là voilà en train de soupirer d'aise.
Elle se dit très intérieurement que Ozric ne doit pas être mécontent de s'être foulé le pouce...

...

"Allez y toujours. Je n'ai plus de tabou depuis le début de ma survie. Je n'ai que des secrets..."

Elle se rend compte lentement qu'elle profite un peu de la patience de Coralie. Elle laisse ce sentiment se développer jusqu'à devenir gênant pour sa conscience.

"Je peux appliquer moi-même votre pommade magique, si vous en avez assez... Et non, aucune raison d'être moins fertile que d'autres femmes ayant été exposées à la radioactivité... Peut être que j'ai bu de l'eau un peu contaminée... Difficile de savoir. Mais personne n'a jamais signalé d'anomalie au niveau de mes organes sexuels... enfin avant que j'arrive ici."

Machinalement, le massage se prolonge du cou aux épaules. Quand elle s’en aperçoit, Coralie sourit.
- Je n’en ai pas assez, je peux y passer la nuit si vous ne m’arrêtez pas.

Se rendant compte de l’ambiguïté, elle précise :
- Euh… je veux dire que ça me fait plaisir, cela faisait longtemps que je n’avais pas exercé…

…

- Avant que vous arriviez ici ? C’est-à-dire ? Ici personne ne vous a examinée, ou ici on a détecté des anomalies ?

Bon, les questions gênantes. La pression de ses mains change imperceptiblement, se faisant plus apaisante.
- Avez-vous eu plusieurs partenaires sexuels différents, et réguliers ?

Haha... Longtemps..? Ozric n'a donc pas encore profité de çà... Tsss ... Faut tout leur apprendre à ces Brésiliens qui pensent avoir tout vu, tout vécu...

L’ambiguïté ne l'a pas frappé. Elle ne relève pas la précision de Coralie. Autant dire que ces massages sont aussi une façon de faire connaissance avec Coralie. Ni plus ni moins. La douceur apaise, mais n'éveille pas de désir chez l'aveugle.

"Personne avant que je n'arrive ici, n'a relevé d'anomalie, et ici je n'ai jamais été examinée médicalement... Oui j'ai eu des aventures régulières avec quelques hommes depuis que je suis ici. Mais je n'ai jamais eu de symptômes d'infection génitale."

Oué hein, pffff… faut qu’elle tombe sur un gentleman… merci… en même temps il était blessé au pouce… qu’est-ce que tu veux profiter de la situation…
Bref.

Actuellement, Coralie ne pense qu’à Emi. Elle note les réponses dans un coin de sa tête.

- D’accord… Vous êtes réglée normalement ?
Vous n’éprouvez pas de douleur lors de vos rapports ? Vous avez du plaisir ?

Aïe. La question qu'elle refusait de se poser depuis... Bon sang... Trop longtemps. Même si elle tente de dissimuler sa peine, ses épaules se contractent.

"A vrai dire. Je crois que la dernière fois que j'ai eu mes règles... C'était avant d'entrer dans ce complexe souterrain, là où je me suis retrouvée et où j'ai survécu quand il y a eu ... Je me suis toujours demandée si c'était psychologique, ou si c'était ce qu'on nous faisait manger. Mais maintenant que j'en suis sortie... Toujours pas de cycle. Autant dire que ça n'arrange pas mes affaires, même si ça a un coté pratique."

Longue inspiration, pour rechercher un cran de décontraction supplémentaire dans le massage.

"Par contre. Pas de douleur non consentie et du plaisir à revendre..."

Nous y voilà… avant même que l’aveugle n’ouvre la bouche pour répondre, la crispation sous ses doigts signale qu’elle a soulevé le principal problème.
Elle accentue la pression et descend légèrement le long de la colonne vertébrale.

- Ca peut être la nourriture, ça peut être psychologique, et souvent plusieurs facteurs mélangés… Mais si vous avez été réglée, pas de malformation, et si vous n’avez pas mal, c’est certainement un souci que l’on peut traiter.
Parlez-moi de vos habitudes alimentaires, et de votre consommation d’alcool ou produits dopants.
Etes-vous particulièrement fatiguée ou angoissée ?

…

J’espère… que ces marques à votre cou… n’apparaissent pas régulièrement…

Non, aucun rire ne vient pour cette touche d'humour venant de Coralie. Sa voix devient basse, évoquer le sujet n'est pas agréable.

"Je suppose... Que ce n'est pas régulier... Le petit jeu de qui domine l'autre, je crois. Je perds toujours. En plus j'ai vraiment une vie merveilleuse, je dors plutôt très bien, très peu de drogues, alcool occasionnel, je ne mange pas beaucoup, mais c'est le cas de tous ici. La nourriture nous dégoûte avec cette émanation perpétuelle d'odeur de soufre..."

L'ambiance s'alourdit trop pour l'aveugle. Alors pour mieux apprécier les fourmillements de plaisir qui parcourent sa colonne, elle tente une question plus légère dans sa prononciation.

"Est-ce grave docteur ?"

La séance est sur la fin. Malgré les paroles de Coralie qui se veulent rassurantes, l'aveugle se sent de plus en plus mal à l'aise. Elle se garde bien cependant de le montrer à son médecin, pour ne pas frustrer sa bonne volonté. Elle acquiesce, sourit, fait mine d'en prendre bonne note dans sa tête.
Elle suivra ses conseils, quelques mois, et si ça ne fonctionne pas... Elle n'ose pas aller plus loin dans sa réflexion.

"Merci beaucoup... Vos conseils me sont très précieux. C'est que pour Saül et moi, c'est véritablement important."

A la fin de cette phrase, sa voix s'étrangle. Vite la suite.

"Je vais prendre ce condiment. Pour les massages, nous verrons en fonction de votre charge de travail. Je ne souhaite pas vous user trop vite."

Sourire, humour, tout va très bien.

Elle reste un instant assise immobile la boite entre ses mains. Facile de cacher son émoi face à une aveugle. Mais une fois l'aveu fait, il ne faut pas longtemps à Emi pour comprendre tous leurs sens. La réponse n'en gagne que plus de détermination.

"Je vous trouverai un herboriste, et s'il le faut, j'apprendrai moi-même."

Elle glisse le pot dans des poches de sa jupe. Puis remet une à une ses épaisseurs de laines.

"Bientôt, une femme devrait arriver à New Vegas. Il faudra certainement lui faire une visite médicale complète. Il est possible qu'elle souffre de maux dus à un long voyage solitaire. Dès que j'en saurais plus, je vous préviendrai... Ou alors, vous serez mise au courant par le réseau radiophonique de l'ACT. Connaissez-vous des rudiments en self-defense ? Possédez-vous une arme dans ce cabinet ?"