Quand Marcel s'inquiète pour Emi (suite)

[Chronologie : La scène se déroule avant le mois 1.2 du GV3N10.
Et juste après ça.]



Deux silhouettes se dirigent vers le wagon d’Emi, en soirée.
Si celle de la punkette est plutôt habituelle dans le coin, celle qui l’accompagne l’est beaucoup moins. Une jeune femme coiffée et habillée à la garçonne, que ceux qui l’ont déjà croisée pourront aisément identifier.

Liberty décroche l’émetteur de sa ceinture, radio réglée sur la fréquence Scarifiée.

- J’fais entrer Marcel chez Emi, elle a insisté pour la voir. Il devrait pas y avoir de souci, j’l’accompagne.

Elle lance un regard entendu à Marcel.

- C’est un peu délicat. Si t’es vraiment l’amie d’Emi, tu feras pas d’remarque sur son état. Et surtout, surtout, tu garderas ça pour toi. Personne en ville n’doit être au courant.

Le visage et le ton employé sont suffisamment sérieux pour qu’on remarque qu’elle n’invente pas une histoire stupide. Le sac posé devant la porte quelques minutes auparavant est ramassé, ladite porte ouverte avec la clef adéquate.
L’intérieur peut potentiellement mettre mal à l’aise. L’ambiance dégage comme quelque chose de… médical. L’aveugle, assise sur une des deux chaises du petit appartement, semble calme. Est-elle encore sous sédatifs ?

- Emi ? Marcel voulait te voir.

On ne peut pas dire qu'elle soit plus pâle que d'habitude. Rester enfermée dans un wagon, ou sous la voûte d'une taupinière, c'est à peu près la même chose.
Mais pourtant, il y a de la nouveauté chez l'aveugle. Les cheveux sont enfin coupés, et tressés en partie sur le quart haut derrière la tempe gauche. Et des mèches rouges tombent sur son épaule. Le tout est très bien démêlé et propre.
Du travail soigné.

Marcel a droit à un sourire à l'annonce de sa venue. Un sourire qui s'étire lentement.

"Ah bien. Quelle surprise."

Elle reste assise et rit un peu, comme légèrement saoule.

"C'est vrai que je lui avais dit de venir me voir..."

Elle sort une montre à gousset de la poche de sa jupe, et lit l'heure du bout de son index.

"Mais elle est sacrément en retard. Comment va ma boxeuse d'amour...?"

Pas de doute, elle minaude déjà.

Marcel entre dans le wagon en serrant les poings, resistant à son envie de raler... pour tomber nez-à-nez avec une étrangère. Elle encaisse l'attitude révoltante de l'aveugle, serrant ses dents à la limite de l'éclatement avant de secouer la tête pour chasser ses pensées morbides.

Ses yeux s'adaptent peu à peu à la pénombre pour reconnaitre à certains petits détails L'Emi qu'elle connaissait, une Emi affublée d'un masque et d'un comportement de pseudo-rebelle métaleuse à la mode scarifiée.

-Mais qu'est-ce que t'es allé foutre ! Tu t'es entendue à parler comme ça ? Qu'tessaye de faire croire ça à ces imbéciles de ta belle-famille passe encore mais que tu essayes de faire croire ça à moi ? C'est aussi crédible que ton jules me faisant un compliment sur mon décolleté !

Elle se tourne vers Liberty, visiblement furax !

-Joli travail ! Elle fait partie de votre "baaande" à present ! J'me demande combien d'temps elle va tenir à jouer la comédie avant de dev'nir folle.

Elle Croise les bras, fixant la nouvelle Emi de pied en cap Avant de lui parler avec un énigmatique sourire en coin.

-Suffit que j'arrête de te surveiller cinq minutes pour que tu te métamorphose... c'est du propre !

De nouveau ce rire lent. Malgré tout, elle est heureuse d'entendre Marcel râler.

"Ne critique pas le travail acharné de Liberty pour me rendre présentable. Elle s'est donnée beaucoup de mal. Il faut dire qu'il y avait du travail... "

"Un mariage, c'est comme une nouvelle naissance, un nouveau départ. Fini la solitude. Bonjour la belle-famille. Et elle est très attachante la famille de Saül. Ils sont tous aux petits soins avec moi."

Elle croise les doigts au dessus de la table. Toujours le sourire figé, les yeux mi-clos.

"Tu tombes bien d'ailleurs. Nous allions parler de la robe de mariée. Enfin, c'est ce qui est prévu aujourd'hui. Et comme tu sais coudre..."

Elle lance un regard inquiet à Saül, avant de prendre conscience de ce qu'Emi vient de lui demander, prenant un air outrée.

-Une robe de mar... Tu veux pas non plus faire de moi une demoiselle d'honneur tant que t'y est ?

Elle s'interromp pour réflechir un moment avant de se forcer à s'adoucir.

-OOOOOK... j'veux bien de bricoler une robe... mais pour discuter des détails... va falloir que ton chéri vire ses fesses le temps de l'élaboration et des essayages. Ainsi que tout ceux dont la présence n'est pas absolument vitale... c'est à dire tout les autres. C'est le genre de truc que je tiens à faire au secret. pas pour des histoire de superstition... mais parce que ça me plait pas d'être regardée quand je joue les chochottes. Et si ils ont pas pigé le message en réalité j'aimerais pouvoir te parler en privé.

- Ta gueule.

L’injonction est lancée d’un ton cassant, un peu sec. Fait assez rare chez la punkette pour être souligné.
Un regard lancé vers Saül. Liberty hoche la tête. Son visage est plus fermé que dehors, le sourire a disparu. Visiblement, l’attitude de Marcel lui déplaît.

- Elle est malade, on lui a rien fait du tout. Et pour les cheveux, c’t’elle qui m’a demandé.

Jusque-là adossée contre un mur, elle se redresse.

- On va mettre les choses au clair, princesse. T’es pas en terrain conquis ici. P’t’être que Simon cède à tous tes caprices, mais là si tu veux quelque chose, va falloir être polie.

C’est que ça commence à devenir insupportable, tous ces gens qui pensent pouvoir vous prendre de haut et donner des ordres. Et s’il faut brusquer un peu miss Peste pour lui faire comprendre, on s’adapte et on le fait.

- Saül sortira pour préserver la surprise de la robe, mais moi j’reste. Et c’est pas négociable. Si vraiment ça fait chier, j’m’assois dans un coin et j’me fais discrète, mais pas question que j’te laisse seule avec elle. Mais si tu décides de pas faire ta tête de conne, on pourra taffer ensemble, à la cool.

Ce qu'il aurait été simple de relever son bras pour lui éclater le nez d'un coup de coude !

-Mouai... t'as raison, on s'en tape en fait. Sauf que je bosse seule et ça c'est pas négociable.

Elle Approche d'Emi et vient lui saisir les mains avec une incroyable douceur avant de déposer un baiser sur ses doigts.

-Ben alors ma grande ? on trouve le moyen de tomber en panne la veille de son mariage ? C'est pas le grand dadet qui t'as refilé une saloperie au moins ?

Emi retire peut être trop tard ses mains sous le baiser bienveillant de Marcel. D'abord par peur, puis par tristesse.

"Tu n'as pas changé Marcel. Dès que ça sent mauvais, il faut que tu mettes le nez dedans, malgré les gros panneaux rouge qui clignotent autour de toi."

"Tu aurais vraiment du venir plus tôt."

Elle glisse ses mains contre la surface inégale de la table en bois.

"Liberty a raison. Tu ne peux pas rester seule avec moi. Ma maladie induit des comportements étranges en moi, et tu peux être en danger..."

"Je sais que tu sais te défendre, mais c'est justement ce qu'il ne faut pas faire... Se défendre... Et puis c'est le protocole mis en place pour cette maladie, Marcel. Même Saül ne peut pas rester seul avec moi. Toujours un chaperon présent, pour nous empêcher de faire des bêtises..."

Elle tire une autre chaise, pour inviter Marcel d'un geste à s'asseoir. Malgré son ivresse apparente, elle fait des efforts pour paraître plus sérieuse.

"Tu peux faire confiance en Liberty, elle sait garder des secrets. Tu sais bien que je me trompe rarement sur les gens n'est-ce pas ? Le seul vrai problème dans cette histoire, c'est que personne ne doit être au courant... Car au mieux, nous serons tous chassés d'ici. Au pire, tous tués."

-Bah ! j'en doute fortement, J'suis quand même bien placée pour savoir que cette bande de couillons accepte très bien les comportements agressifs ou étranges... quand à me faire promettre de ne rien dire ! tu peux toujours te brosser ! par contre tu peux me faire confiance sur le fait de me la fermer sur un sujet qui ne m'apportera que des emmerdements.

Elle se tourne vers Liberty semblant se forcer pour dire quelques mots.

-Merci de m'avoir fait entrer sans lui casser sa serrure.

Elle se tourne vers Saül un instant avant de grogner entre ses dents.

-Il est encore là lui ? Il crois p'tre que ça se fabrique en deux minutes une robe de mariée ? On est pas couchées alors plus tôt il partira mieux ça sera.

"C'est qu'elle n'a toujours digéré le fait que tu aies demandé ma main avant elle. Sa jalousie passera."

C'est avec le regret dans la voix qu'elle ajoute vers la silhouette qui s'éloigne par le toit.

"Tu me manques déjà, mon Coeur."

Pour la jeune fille qui s'en va aussi.

"Au revoir Mamba. Ravie de t'avoir eu près de moi."

L'ambiance vient de s'alourdir pour Emi, comme à chaque fois qu'il doit s'en aller.
Elle attend que la trappe se referme pour ajouter assez gravement.

"Marcel, cette robe sera peut être notre dernière occasion de passer du temps ensemble. Essaie de faire en sorte que tout se passe bien, s'il te plait. Un petit effort... Pour faire connaissance avec Liby... Et ne pas accabler davantage Saül."

Et bla, bla, bla, ça continue à faire la grande gueule.
Liberty salue le Commandant de deux doigts tapés contre la tempe, comme à son habitude, avant qu’il ne s’échappe par la trappe. Son regard s’attarde un instant sur Mamba, étrangement silencieuse ces temps-ci. Problème à régler plus tard.

En silence, la mine boudeuse, la punkette va s’installer sur la chaise désormais vide, dans le coin de la pièce. La robe, comme le reste des soins physiques et du look, c’était son boulot, normalement. Mais elle ne peut décemment pas priver Emi d’une amie. Surtout pas celle-là. A la moindre contrariété, miss Peste risquerait d’aller gueuler le secret à travers toute la ville.
Alors il faut s’en accommoder. Encore une fois.

- C’est cool Emi, t’en fais pas. La force pas, si elle préfère faire son truc toute seule. J’me contenterai d’jouer les gardiennes.

Elle a mis de la bienveillance dans la voix, pour ne pas contrarier ou inquiéter l’aveugle. Les yeux clairs se posent quelques secondes sur Marcel, avant de se détourner et de rouler d’un bout à l’autre du wagon. Puis elle secoue le sac, duquel elle sort des pièces de bois et un couteau. Heureusement qu’elle avait prévu de quoi s’occuper, au cas où.

Saul continuait visiblement à la prendre de haut et à se croire invulnérable, il ne comprenais visiblement qu'a chaque menace ouverte contre Marcel, la poussée d'adrénaline en résultant grisait les sens de la peste au point de lui en faire redemander.

-Désolée pour le retard, mais mon chien à mangée mes devoirs, le réveil à pas sonnée et puis ma grand-même est morte pour la troisième fois.

Elle regarde autour d'elle pour voir les outils dont elle dispose, avisant un bloc de papier recouverts de gribouillis et un stylo.

-Ben ok... on va commencer le boulot tout de suite alors... tu va me donner à l'oreille dix mots pour définir la robe de mariée de tes rêves, n'oublie pas de penser a la nuit de noce au passage. Ça va "nous" permettre de définir à la fois la base et les options de ta robe. Ensuite je vais dessiner un truc correspondant et on effectuera un reverse ingeneering... on montrera le dessin à Liberty qui essayera de retrouver les dix mots que tu as dis à partir du dessin. Si elle en trouve pas assez, je recommence. J'pense que c'est la seule façon pour toi d'avoir à peu près ce que tu voudrais.

Ce qui est bien avec Marcel, c'est qu'elle a toujours des solutions originales qui ont au moins l'intérêt d'occuper sainement l'esprit un peu ébranlé de l'aveugle.
Sourire, croisement des mains.

"Comment trouves-tu l'idée Liby. Personnellement, je la trouve très intéressante. Et surtout ludique..."

Décroisement des mains. Tapotements sur le bois de la table.

"C'est que tu me prends de court. Je n'ai jamais rêvé d'une robe de mariée... "

Trier les mots dans son crâne, essayer de sortir tout ce qui est trop obscène, provoquant, suggestif, pourpre, sombre, humide, vaporeux, lisse, épousant, glissant, parfumé...

Soupir bref. Elle retire son gilet difforme, elle a sûrement très chaud.

"Approche, que je puisse te dire tout çà dans l'oreille... J'espère que vous ne piquerez pas avec vos aiguilles."

Elle s'empare de son crayon, commençant à griffonner gentiment. conceptualiser autant d'idées différentes sous la forme d'une robe...

-J'sens que Christopher va me manquer !

Elle commence par tracer à la mine de son bout de crayon deux silhouettes féminine, une de face et une de dos. Continuant à parler comme si la tache ne lui demandait pas vraiment de concentration particuliers.

Le premier mot lui fait vaguement isoler par quelques coups de crayons plusieurs zones. les épaules, le décolleté, le dos et les jambes à partir de mi-cuisse.

Le second mot précise un peu le détail du décolleté, très plongeant, retenu par quelques liens horizontaux chargé de maintenir la robe et la poitrine dans une forme avantageuse. le dos adoptant la même structure, le haut du bustier prenant ainsi la forme de deux pièces de tissus de chaque coté du corps reliées par des lacets et se rejoignant à la taille. laissant tout loisir au bonhomme chanceux sur le coté à ouvrir en premier durant la nuit de noce.

-T'avais prévu quelque chose de particulier pour la robe Liberty ? j'ai pas envie de me faire chier à tout bricoler si t'as djà un truc dans tes cartons.

Deux traits viennent indiquer les couleurs de la tenue et des bordures. rouge pour les bordures, bleu et noir pour le bustier. un troisième trait venant indiquer la composition des coutures : "doublée en fil noir épais".

Le vaporeux vient couvrir d'un très léger brouillard les épaules et les bras. désignée sur le dessin par : "filet de nylon transparent habillée de goutes de verre", une robe ne cachant pas le devant des jambes tombant sur les fesses jusqu'au sol pour constituer une courte traine se vois désignée de la même matière.

-J'te précise que j'ai les trois-quarts de ce qu'il faut déjà... j'ai un petit stock de fringues et de bidules à fanfreluche dans mes cartons, ça sera l'affaire de deux heures d'aller les récupérer et il m'en faudra environ trois pour donner les quelques coups de ciseaux nécessaires. le plus long ça sera les essayages et de planter les aiguilles dans Emi sans qu'elle râle.

Quelques plis dessiné sur le ventre et sous les seins laissent entendre que les deux pièces de la robe seront parfaitement ajustée sur le corps d'Emi. La jupe ultra-coutre et très serrée terminant d'habiller les silhouettes dessinée et de réunir à la taille les deux pièces de la robe.

-D'après le matos que j'ai dans ces couleurs... ça sera une sorte de lycra, sinon on a des fleurs de betterave et de cana qui seront du meilleur effet pour les accessoires.

Comment elle trouve l’idée ?

- Euh, ouais, c’est pas con, sauf que j’suis pas super douée pour ce genre de trucs, les devinettes, tout ça… On risque d’y passer du temps.

Et puis elle ne connaît peut-être pas assez Emi pour y aller à l’instinct, et essayer de trouver ce qui peut lui plaire.
Pendant que Marcel dessine, la blondinette reste assise, silencieuse. Les plaquettes de bois sont taillées avec précision, toutes doivent être de la même taille. Il y en a assez – voire trop, sans doute – pour créer des jeux de cartes divers. Si le casino se concrétise un jour…

« Planter les aiguilles dans Emi sans qu’elle râle. » Spontanément, mais sans qu’elle le veuille, les yeux de Liberty vont se poser sur la petite boîte à pharmacie posée sur la table, qu’elle sait contenir des sédatifs. Le regard est immédiatement suivi d’une moue effrayée et réprobatrice à sa propre attention.

- J’ai deux-trois machins, ouais. Mais rien qui soit très approprié pour une robe de mariée je pense.

Avec un sourire amusé, elle se désigne elle-même : bustier imitation papier journal, jean aux multiples trous, boots noires… On peut aisément imaginer le reste de sa garde-robe.

- Au cas où, quelques pièces en similicuir. On pensait piocher dans les fringues d’Emi sinon, il m’semble qu’elle a d’quoi faire.

Alors, c’est pas plus agréable que tout se passe dans une ambiance détendue ?
Marcel semblant dans de bonnes dispositions, la punkette se laisse aller à la conversation.

- J’serai surtout dans la partie spectacle moi. J’avais amené mon matos de pyrotechnie, pour qu’Emi puisse l’examiner un peu et m’dire c’qu’elle aimerait niveau animations feu.

"Des aiguilles... Tu veux me faire regretter de te demander un service, toi. Pourtant je n'ai jamais été bien méchante. Christopher t'aurait aidé ? Je pensais qu'il était plutôt porté sur le plaisir de ces dames. Vous l'avez testé toutes les deux ?"

Ça y est, ça dévie sur le sexe. Enfin, ça reste une discussion normale, un peu "pyjama party" certes, mais juste quelques mots.

"... Des projets... Oui, nous en avons beaucoup, mais si je sors de ce wagon, Liby', Marcel, je vous promets de tous les mener à bien. Et que bien sur vous serez très sollicitées. Je ne pourrais rien faire toute seule. Et dans le Casino, vous voudriez y jouer quel rôle ? Normalement Reiji et Giuseppe s'en occuperont, mais comme ils semblent mettre un peu de temps à démarrer leur affaire..."

les doigts se crispent un instant sur le crayon sitôt le dessin terminé, la concentration retombée, Liberty peut voir les mains de Marcel trembler légèrement. Comme si le fait de retenir ses pulsions destructrices ne tenait qu'à un fil. Elle vient flanquer le dessin sous le nez de la blonde.

-J'm'en tape complétement que ça risque de prendre du temps ! je sais p'tre travailler la matière mais n'empêche que j'ai des gouts de chiottes. Alors tu vas me faire le plaisir de décrire ce que tu vois à Emi pour éviter qu'elle passe pour un clown à son mariage ! Ça serait pas pertinent si je le faisait moi-même.

Rester "gentille" semble être un calvaire pour Marcel, comme si elle subissait une intense douleur dans ses chairs pour chaque insulte qu'elle ne prononce pas.

Pour la pyrotechnie, je t'en prie ! va donc voir au syndicat de la poudre ! fait comme ton amie le tatouage ambulant ! sert-toi de notre matos, de nos stocks, de nos pieces de rechange distribuées au compte-goutte par les matosseurs ! bousille-tout si il le faut ! Y'aura toujours une con ou une conne pour réparer le matériel après ton dépars !... enfin... j'garantie rien en ce moment... comme dans tout les syndicats... y'a parfois des appels à la greve.

Putain d’hystérique. Epic fail, Lib’, une peste reste une peste, même si tu fais des efforts.
La punkette inspire profondément, avant de relâcher doucement l’air. Maîtrise des nerfs, elle retient une grimace ou une insulte. Et s’occupe de Marcel avant de répondre à Emi. Elle reste calme, assise sur sa chaise, sans lever les yeux sur le dessin.

- Premièrement, j’t’ai rien demandé. Si j’dis que j’ai ramené mon matos, c’est que j’suis suffisamment équipée pour pas avoir besoin d’piocher où qu’ce soit. Deuxièmement, tant qu’tu m’parleras comme ça, princesse, ton dessin tu pourras t’le foutre où j’pense. Pas question que j’t’aide à faire un truc potable si t’es pas capable de rester correcte.

Il n’y aurait qu’un bouton à enclencher, sur la radio, pour que quelqu’un vienne prendre la relève. Ou pour qu’elle demande à ce qu’on fasse sortir Marcel du wagon. La tentation serait sans doute grande pour n’importe qui d’autre.
Enfin, Liberty sourit à Emi. L’aveugle ne peut pas le voir, certes, mais elle peut le ressentir dans sa voix.

- Tu sortiras, Emi, et c’casino sera un d’tes premiers-nés. Et tu sais qu’tu peux compter sur moi, si tant est qu’la Brigade soit pas appelée à l’autre bout du désert. Quant à Christopher, si tu veux vraiment savoir, il a été trop timide pour se laisser tester.

Marcel se contient difficilement, elle en est de plus en plus capable depuis qu'elle a subit le traitement d'Abred mais pas au point de résister sur ce coup là. elle sent la chaleur monter dans son corps, perçois chacun de ses muscles, brulant sous sa peau.

Il lui faut évacuer sur quelque chose. l'idée d'exploser la punkette semble traverser son regard. Elle resiste, pour Emi... elle doit résister...

elle remarque le crayon dans sa main et d'un geste vif se le plante profondément dans la cuisse, son jean rapiécé se teintant lentement de son propre sang.

Elle lâche le crayon, le laissant planté dans sa jambe. étrangement, elle ne semble pas souffrir, elle ne tremble plus. Arbore même un sourire chaleureux à destination de Liberty avant de lui répondre.

-Excusez-moi les filles, je me suis emportée pour rien. J'aimerais vraiment que tu me donne au moins ton avis sur mon dessin Liberty. Si tu veux bien sur ! sans ça je m'en débrouillerais. Pour la pyrotechnie, ce n'est pas vraiment une priorité pour moi en ce moment surtout avec les stocks qu'on a déjà, à moins que ça passe avant la robe de notre amie.

Elle lui tend à nouveau son dessin, se forçant à sourire légèrement.

-C'est trop important pour Emi pour la laisser entre mes seules mains, tu ne crois pas ?

Ayeh ça recoince. Des vraies montagnes russes de la jovialité cette pyjama party, sans pyjama. Enfin sans pyjama...

... Inspiration...
... Expiration...



"Bon d'accord... Ce sera peut être pas très facile de vous demander de collaborer pour la robe. Je ne veux pas non plus que vous vous forciez à vous entendre l'une avec l'autre. Je sens que ça va se finir en bataille pas très rangée, ciseaux contre aiguilles, et je ne pourrais même pas participer."

Elle se lève. Elle n'a pas vu les conséquences de l'énervement de Marcel, mais l'ambiance est devenue étouffante et malsaine.

"Liby, si tu peux juste donner ton avis à Marcel pour son dessin... Et toi Marcel, dis toi que tu as le temps de coudre cette robe. Le mariage n'est pas prévu pour tout de suite. Ne te mets pas trop de pression. Et si j'ai l'air d'un clown, au moins, j'arracherai quelques rires à d'autres personnes que Malicia."

Hystérique. Et puis névrosée, aussi.
Liberty hausse un sourcil, lâchant enfin ses plaquettes de bois. Le jean de Marcel se teinte doucement d’une tache sombre ; la nana vient de se planter un crayon dans la cuisse, et ne bronche pas. Pire, elle lui parle désormais gentiment, s’excuse et… sourit ! Sourit ?

Euh…

La punkette laisse peser un regard insistant sur le crayon. Puis, l’air de rien :

- Ça marche, j’regarde. On va t’faire un super truc, Emi.

Elle saisit la feuille tendue par Marcel.

- Dix mots, c’est ça ? Ben j’dirais… décolleté, un peu provocant… Des parties moulantes et d’autres plus légères, genre aériennes. J’suppose qu’elle t’a soufflé les couleurs, ça c’est pas difficile, donc rouge et noir, surtout. Du transparent. Et puis…

Et puis voilà. Elle a beau examiner le dessin, le tourner dans tous les sens, elle ne devine rien d’autre.
Un sourire joyeux vient s’afficher sur son visage.

- Mais vu d’ici, ça a l’air très sympa ! Rien d’conventionnel, j’aime assez. T’es douée.

-Pour les couleurs, c'est un peu compliqué, j'ai indiquée plus precisement la couleur de ses tifs plutot que le pourpres qu'elle m'avait demandée... parce que le rouge de ses cheveux avec du pourpre sur la robe ça rendrait mal.

Elle enlève le crayon de sa jambe et l'essuie sur un revers de manche pour regriffoner quelques détails sur le dessin.

-J'veux pas avoir l'air de jouer les inquisitrices, c'que vous magouillez ici ne regarde que vous au final... mais j'me demande depuis quand il faut deux personnes pour surveiller une faible femme handicapée ?

Elle secoue son pied, visiblement gênée par la sensation du sang coulant le long de sa jambe. elle sort un mouchoir sale de sa poche et le noue sur sa blessure, par dessus le jean, démontrant par là son "incommensurable" science des premiers secours.

-J'sais pas encore pour la robe, j'la sent pas trop sous cette forme là à la réflexion, je pense que je vais partir sur cette idée et prendre un peu plus de temps pour la faire évoluer que je ne l'avait pensé au début. je repasserais faire quelques essayages au fur et à mesure de ma progression. pour les mesures... y'a pas de soucis... je les ait déjà.

Marcel semble sur un fil, son ton montant régulièrement vers l'agressivité qu'on lui connait, mais une pression de sa main posée sur sa blessure semble réussir à contenir son instinct d'enragée. Elle se tourne vers Emi.

-On a tous nos problèmes, nos secrets, et nos emmerdes ! Toi t'as l'air de tremper dans des trucs sacrements difficiles en ce moment ! A commencer par cette idée de vouloir te coltiner un membré jusqu'à ce que le divorce vous sépare !

Emi rit sur le ton de l'insouciance des femmes sous anti-dépresseurs.

"Il ne fallait pas me repousser chez Ernest. Je ne me serai pas réfugiée dans les bras d'un membré comme tu dis. Il me semble qu'à une époque, tu te serais bien liée à l'un d'eux aussi. Bref..."

Aussi intéressant que ce débat puisse être pour Emi en ce moment, elle prend sur elle pour annoncer la suite des évènements à la jeune femme torturée.

"Marcel... Remettons les essayages à dans deux ou trois semaines. Minimum. Ça te laisse du temps, et nous en saurons plus en ce qui me concerne. Je viendrai te trouver moi-même dans ce cas, si tu es d'accord."